Evol est un tout petit village, perché à 800m dans les Pyrénées Catalanes à deux kilomètres d’Olette. Avec ses maisons aux murs de schistes et aux toits de lauzes, ses ruelles escarpées et sa jolie église datant du 11ème siècle, Evol fait partie des plus beaux villages de France. L’été, ses habitants veillent a fleurir ses ruelles qui semblent surgir tout droit du Moyen-Age. Le village est dominé par un château vicomtal en ruine et par une belle chapelle bien restaurée.
Histoire d’Evol
La première mention du site d’Évol date de 957 quand il est donné au monastère Santa Maria de Ripoll par Seniofred, comte de Conflent. Par successions, il passe des comtes de Conflent, à ceux de Cerdagne.
En 1162 le comte de Cerdagne donne la vallée d’Evol à son vassal Bernat de Llo, fondateur de la dynastie des futurs vicomtes d’Evol, la famille de So. La vallée fut protégée par un château en bois dont on a perdu la trace. Au début du 13ème siècle éclata la guerre contre les « hérétiques » cathares. La Croisade des Albigeois, fut l’occasion pour le Roi de France, soutenu par le pape, d’affirmer son autorité sur les Terres du Sud et de s’opposer au Roi d’Aragon. Bernat de So se rangea aux côtés de Simon de Montfort, bras armé du Roi de France, contre le Comte de Foix. Le roi d’Aragon Alphonse II lui confisqua ses terres. A la défaite des cathares, ses terres lui furent rendues.
La montée en puissance de la famille de So continua avec son fils Guillem (ou Guillaume) qui fit reconstruire le château d’Evol celui que l’on connaît de nos jours. En 1337, Evol connaît son apogée : le roi Jacques III de Majorque érige le lieu en vicomté. Joan de So fait bâtir un deuxième château : La Bastide, un peu avant Olette. Rapidement les vicomtes viennent vivre dans ce château, un peu moins protégé mais plus habitable, abandonnant la place forte à la garnison.
La vicomté d’Evol, importante en raison de sa position frontalière entre les royaumes de France, d’Aragon et du Comté de Foix basculera successivement entre diverses mains. Après le Traité des Pyrénées en 1659 et le déplacement de la frontière, Evol perd de son prestige. Un processus de dépeuplement du village s’effectue alors au profit de son annexe d’Olette, dépeuplement qui est allé en s’accélérant au cours du 20ème siècle. Evol qui comptait 420 habitants en 1851, ne comporte aujourd’hui plus que 22 résidents.
Architecture
Ce dépeuplement explique peut-être que le village soit resté indemne de constructions injurieuses. Les maisons d’Evol constituent un modèle de l’architecture rurale du Haut-Conflent. Construites avec le schiste local et couvertes d’ardoises bleutées, elles utilisent la pente naturelle du terrain et sont orientées de manière à ce que leurs portes et fenêtres et leur balcons de bois à encorbellement profitent du meilleur ensoleillement. Le premier étage est réservé à l’habitation, le rez-de-chaussée étant dédié au bétail et aux ustensiles agricoles. L’accès à l’étage se fait par un escalier extérieur.
L’ancienne école du village a été transformée en salle d’exposition consacrée en partie à l’écrivain Ludovic Massé, né dans la commune en 1900 et à un petit musée rassemblant des outils araires du début du siècle. Pour le visiter il suffit d’appeler le numéro de téléphone affiché sur la porte. Des habitants passionnés par leur village se feront un plaisir de vous faire découvrir l’ancienne salle de classe, ses bancs et ses cahiers d’un autre temps.
L’église Saint-André
L’église de Saint-André remonte au 11ème siècle. Son plan est traditionnel pour une église romane de la région : une nef unique prolongée par une abside semi-circulaire, orientée Ouest-Est. L’entrée est latérale. Un clocher-tour carré est accolé à la nef. Le chevet semi-circulaire présente des arcatures lombardes. A la fin du 16ème siècle l’église est augmentée d’une grande chapelle rectangulaire, dédiée à Notre Dame du Rosaire.
L’église abrite un important « trésor » dont un remarquable retable : le retable de Saint-Jean Baptiste. Réalisé vers 1425-1428 par le Maître du Roussillon, il est une pièce maîtresse de l’histoire de l’Art du Conflent. Le retable est structuré en triptyque surmontant une prédelle. Les quatre panneaux sont en de bois peints, sculptés et dorés. Les panneaux latéraux présentent chacun trois tableaux de la vie de Jean le Baptiste. À gauche : la vision de Zacharie, la visitation de la Vierge Marie et la naissance de saint Jean-Baptiste. À droite : Saint Jean annonçant la venue du Christ, la décollation de saint Jean et le banquet d’Hérode, puis sa mise au tombeau. Sur le panneau central, on peut voir deux scènes : le baptême du Christ par saint Jean et saint Jean avec, à ses pieds, le vicomte d’Évol en prière. La prédelle montre cinq scènes de la Passion du Christ en alternance avec les armoiries des familles vicomtales.
L’église abrite plusieurs autres pièces intéressantes, le retable du Rosaire et le retable baroque de Saint André. Egalement des pièces d’orfèvrerie et un tabernacle daté de 1553. A voir absolument : une statue de Vierge à l’Enfant romane datant de la fin du 13ème siècle. Il s’agit d’une Vierge assise, dans une cadireta, c’est-à-dire un dais de procession. Le visage de la Vierge montre une polychromie d’origine, alors que ses vêtements ont été repeints. Les pieds de la Vierge ont été coupés et l’Enfant Jésus est manquant.
Le Conjurador
A côté de l’église, l’on trouve les restes d’un Conjurador. Un Conjurador est un petit édifice couvert, destiné à conjurer l’orage. La population y allait en procession, précédée du curé lorsque le mauvais sort menaçait : orages, foudre, grêle, tempête. On peut supposer qu’il servait également de lieu de réunion aux paroissiens et peut-être même du conseil municipal, comme c’était le cas en certains lieux de Catalogne. La toiture n’existe plus mais le mur avec les deux ouvertures en plein cintre est remarquable.
Le château d’Evol
Le château d’Évol construit en 1260 par Guillem de So est, de nos jours, à l’état de ruine. Il dispose encore de quelques pans de murs et d’une tour ronde assez bien conservée, mais le reste n’est qu’un tas de pierres. L’appareillage fait à base de pierres de schiste est grossier. Les murs sont peu épais, ce qui est assez étonnant pour une construction du XIIe siècle.
Le château a la forme d’un quadrilatère d’environ 40 m de côté avec une tour ronde à chaque angle et un donjon rond également au milieu du mur Nord. Le bâtiment d’habitation occupait toute la longueur du mur Ouest et comprenait trois salles communicantes. L’entrée principale se faisant par le mur méridional. A l’Ouest se trouve une terrasse extérieure appelée la Miranda d’où l’on a une belle vue sur la vallée. Il existait un étage supérieur au niveau du chemin de ronde.
Une route abandonnée mène au château en partant du village. En chemin, l’on croise l’ancienne chapelle du château : le chapelle Saint-Etienne qui date du 13ème siècle. Effondrée en 1770, elle a été reconstruite en 1784.
Infos pratiques
Aucune visite de l’église d’Evol ne sera possible pendant une durée d’environ 3 ans, des travaux de restauration très importants étant en cours. Pour tout renseignement : consulter le site de la Mairie d’Evol.