L’abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines est un ancien monastère bénédictin situé au centre du village de Saint-Génis-des-Fontaines au Sud-Est du département des Pyrénées-Orientales. Dédiée à Saint Genis, martyr d’Arles elle fut fondée vers 780 par Sentimir. Elle connaîtra un développement architectural tout au long du Moyen-Âge.
Vendue à des particuliers lors de la Révolution française, la plupart de ses bâtiments sont aujourd’hui encore des habitations privées. Seuls l’église et le cloître ont retrouvé leur fonction première. Saint-Génis-des-Fontaines est célèbre pour la beauté du linteau qui orne le portail de l’église et pour son cloître qui date du 13ème.
Le portail de l’église
L’église a été construite, en même temps que le monastère au 9ème siècle. Il ne reste que peu d’éléments visibles de cette église primitive, en dehors de son plan rectangulaire à nef unique. C’est sa façade qui est intéressante. Son portail en marbre blanc est orné du fameux linteau de Saint-Génis. La plus ancienne sculpture romane datée, oeuvre majeure de l’art féodal.
Le linteau servait à l’origine de support d’autel. Ce n’est qu’au 12ème siècle qu’elle fut placée au-dessus de la porte de l’église. Réalisé en marbre blanc de Céret, il fut enduit d’une sorte de vernis afin de le protéger, ce qui lui confère son aspect jaunâtre. Sculpté avec minutie comme une pièce d’orfèvrerie, il représente un Christ en majesté. Deux archanges soutiennent la mandorle qui l’entoure. De chaque côté, une arcature outrepassée loge trois personnages.
Au-dessus, se trouve une inscription en latin médiéval qui permet de dater le linteau. La traduction en est « La vingt-quatrième année du règne du roi Robert, Guilhem, abbé par la grâce de Dieu, ordonna de faire cette œuvre en l’honneur de saint Génis au monastère que l’on appelle des Fontaines ». Le « roi Robert » est Robert II le Pieux, roi de France qui régna de 996 à 1031. La vingt-quatrième année de son règne correspond à l’an 1020.
La façade de l’église comporte d’autres sculptures romanes. Il s’agit d’ossuaires dont les inscriptions indiquent les sépultures de moines ou de personnalités proches de l’abbaye. On trouve notamment deux pierres tombales représentant le défunt couché les bras croisés.
Le cloître de Saint-Génis-des-Fontaines
Le cloître de Saint-Génis-des-Fontaines, daté de 1271-1283, se caractérise par la polychromie de ses marbres : blanc de Céret, rose de Villefranche-de-Conflent et noir de Baixas. Les belles proportions de ses galeries, l’élégance de ses colonnes ainsi que l’imaginaire des sculptures de ses chapiteaux en fond un joyau du roman tardif.
La facture des chapiteaux est assez fruste au regard de ceux de Serrabone ou Saint-Michel de Cuxa. Le relief des angles des corbeilles est très prononcé alors que sur les faces il devient plat. L’ensemble est assez disparate et certains spécialistes pensent que les moines eux-mêmes ont peut-être contribué à leur réalisation. Peut-être même,les chapiteaux étaient-ils peints.
L’originalité de cet ensemble sculptural vient de son iconographie. Au bestiaire classique de l’art roman, Saint-Génis ajoute des représentations de la faune locale : tortue, rat, hibou, grenouille, truite, salamandre. Aux motifs végétaux stylisés, des plantes de la flore de la région. De manière générale, le style est vivant et quelque peu naïf emprunt d’une forte symbolique. Des visages habités de serpents ondulants évoquent les tourments de l’enfer. Les sirènes saisissant de la main leur double corps, rappellent aux moines qu’ils doivent combattre le mal et en dénoncer les aspects multiformes.
Aux scènes bibliques telles la tentation d’Eve, s’ajoutent des scènes narratives énigmatiques évoquant le quotidien de la vie de ces époques reculées. Un personnage vêtu à l’antique lève un gourdin. Un autre tient en laisse des chiens. Un personnage coiffé d’un chapeau tient un objet renflé faisant penser à une vielle. Une chèvre est tenue au bout d’une corde.
Histoire de la restauration du cloître
En 1796 l’ensemble du monastère est vendu comme « bien national ». Devenus propriétés privées, église comprise, l’usage en est complètement modifié et remodelé, pour devenir des exploitations agricoles et viticoles. Le cloître se transforme en remises, hangars, chais… Des galeries sont murées en fonction des usages attendus.
L’église redevient bâtiment public et église paroissiale officiellement en 1850. En 1924, l’antiquaire Paul Gouvert flaire la bonne affaire et achète les 2 tiers du cloître aux différents propriétaires des bâtiments de l’abbaye. Seul le propriétaire de l’angle Sud-Est refuse le dépeçage. Gouvert revend le cloître à un banquier grec en 1925. Celui-ci l’installe dans le parc de son château des Mesnuls. Il offre trois colonnes et deux arcades au musée du Louvre.
Cependant, en 1928, l’antiquaire revend le cloître une seconde fois : cette fois au musée de Philadelphie ! Comment ce miracle est t’il possible ? Tout simplement en faisant réaliser des copies.
Dans les années 70, l’Association pour la Sauvegarde des Valeurs Archéologiques et Culturelles de Saint-Genis des Fontaines se constitue et commence à œuvrer pour la restauration du cloître. L’État rachète les éléments du château de Mesnuls qui s’avèrent être authentiques. Les pièces en la possession du Louvre sont également les authentiques. Elles sont restituées. La majorité du cloître de Philadelphie est faux. Mais certains chapiteaux sont authentiques et ne seront pas restitués. L’Association et les Monuments Historiques font réaliser des copies des pièces manquantes et reconstituent patiemment le puzzle en s’aidant de clichés anciens. Et cela pour notre plus grand bonheur.
Infos pratiques
Plein tarif : 2 € – Gratuit pour les – de 12 ans
Horaires
Juillet/Août : 9h30 – 12h30 et 15h – 19h
Septembre : : 9h30 – 12h et 14h – 18h.
Octobre/Mars : 9h30 – 12h et 14h – 17h.
Avril/Mai : 9h30 – 12h et 14h – 18h.
Rue Clémenceau – Renseignements : 04 68 89 84 33