Palau del Vidre est intéressant à plus d’un titre, mais surtout en raison des trésors que renferme son église. L’église de Sainte-Marie de l’Assomption.
Le village datant du 9ème siècle devint au 13ème siècle un important centre verrier. Del Vidre en catalan signifie «du Verre». L’émulation, sur le terrain religieux, entre entre maîtres verrier richissimes et la vieille noblesse, produisit un nombre impressionnant d’œuvres de premier plan. Des retables de belles dimensions datant du 15ème, un splendide retable du Rosaire du 16ème, une Vierge ouvrante du 15ème également, une Crucifixion, un tabernacle magnifiquement peint … Ces œuvres sont des livres d’images, qui racontent aux fidèles illettrés du Moyen Age les vies et les exploits des saints tout en louant les mérites des donateurs leur assurant ainsi un ticket pour le paradis.
Le choix des Saints représentés était essentiellement déterminé par leur capacités conjuratoires de guérir des maladies.
Le Retable du Rosaire
Le splendide Retable du Rosaire est une oeuvre majeure de la Renaissance en Roussillon.
Nous avons là l’oeuvre d’un grand maître du XVIe siècle non identifié, dans la mouvance d’Antoine Peytavi de Perpignan, un peintre très productif du XVIe siècle.
Le « Rosaire » est un type particulier de retable qui naît à la fin du XVIe siècle. Il est conçu et construit pour être le soutien de cet exercice spirituel qu’est la récitation du chapelet. Après le Concile de Trente (1549-1563) la dévotion du rosaire permet de réaffirmer le culte de la Vierge Marie contesté par les protestants. Les panneaux sculptés, de grande dimension, permettent aux fidèles de suivre en images les épisodes majeurs de la vie de la Vierge et du Christ :
– les scènes de l’enfance du Christ ; ce sont les mystères joyeux,
– les scènes de la Passion du Christ ; ce sont les mystères douloureux,
– et enfin les scènes glorieuses (Résurrection du Christ, Ascension, Pentecôte, Assomption et couronnement de la Vierge).
Retable des Saints Michel et Hippolyte
Sur la prédelle, l’on trouve la représentation de
– Ste Apollonie, représentée avec une molaire pincée par une tenaille, qui protège des maux de dents,
– Ste Lucie porteuse de la palme et d’une coupe avec ses yeux grands ouverts, qui protège de la cécité.
– L’archange Raphaël tenant une coupe, guérisseur de la cataracte.
– St Sébastien au corps percé de flèches, Saint Hippolyte et Saint Grégoire implorés lors des épidémies.
Le donateur du retable, un verrier, s’est fait représenter en prière, aux pieds des figures saintes.
De même que le Retable de Saint-Jean l’évangéliste, cette oeuvre est encore très gothique, mais l’on sent poindre, dans les paysages notamment, l’influence des maîtres flamands.
La Crucifixion
Huile sur bois, d’une qualité artistique majeure, appartenant à un retable aujourd’hui disparu. Non attribuée, elle fait penser à un peintre perpignanais du dernier quart du XVe siècle. Ce tableau se trouve à la confluence de plusieurs traditions :
– la miniature française incarnée dans le paysage en arrière plan,
– la peinture catalane, italo-gothique, présente dans le groupe des saintes femmes,
– le style des écoles flamande et allemandes, présent dans le Christ, les larrons, et surtout le groupe des Romains et des Juifs, sur la droite.
Tout, dans l’œuvre , témoigne d’une maîtrise parfaite de la couleur. La gamme est étendue, les couleurs vives et contrastées. Quant à la technique picturale, les compositions des différents groupes sont savamment ordonnées en symétrie autour de la Croix dans un cadre presque carré. A gauche le groupe solennel des saintes auréolées d’or stuqué, aux drapés soignés s’oppose au groupe de droite, plus complexe et un peu grotesque, des tortionnaires. On interprète parfois le centurion vêtu d’un curieux costume multicolore d’une invraisemblable cuissarde à raies et à chevrons, comme une représentation du « Malin ».
La Vierge ouvrante
Autrefois ces statues étaient assez nombreuses, mais le Concile de Trente les a fait disparaître. Cette rare survivante, fonctionne comme un petit retable. Fermée, c’est une Vierge à l’enfant. Ouverte, elle laisse voir la Trinité sous la forme de Dieu le Père soutenant le corps de son Fils Jésus Christ et du Saint-Esprit sous la forme d’une colombe peinte. Cette représentation est appelée « Trône de Grâce ».
Le Tabernacle
Peint dans les années 1600 par Honorât Rigaud, dont la plupart des oeuvres ont disparues. Ancêtre du grand Hyacinthe Rigaud connu comme le portraitiste de Louis XIV.
Infos pratiques
La visite est assurée par l’association « Trésors de l’église Sainte Marie de l’Assomption« . Une organisation bénévole dont le but est de faire connaître et de préserver le patrimoine communal. Les visites ont lieu normalement le lundi après midi à 15h30. Mais il est conseillé de réserver et d’écrire à l’adresse suivante: ribesgourgues@gmail.com